06/12/2020
La mosaïque de l'An 2000, « la ronde des enfants », a 20 ans !
L'oeuvre s'affiche fièrement depuis 20 ans Placette du Val de Logne. Histoire d'une création locale et collective pour célébrer l'An 2000 sous le signe de la solidarité sans frontières.
Dix huit enfants de tous pays et de toutes cultures formant une ronde multicolore autour de la terre.
« Le dessin de l'artiste espagnol Luis Filella Garcia devra être respecté... » écrivait le président de l'UNICEF en réponse au courrier que lui avait adressé le maire de Corcoué le 20 décembre 1999 : « ...nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous autoriser à reproduire cette œuvre qui nous semble parfaitement illustrer les enjeux du nouveau Millénaire. »
Tout avait commencé par un petit agenda reçu en mairie quelques semaines plus tôt. L'agenda 2000 de l'UNICEF. Sur la page de couverture, « La ronde des enfants », œuvre enthousiaste et colorée de l'artiste catalan Filella Garcia. Le déclic d'une aventure inimaginable ! Digne de Mark Twain(1) « Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'on fait !».
Depuis plusieurs mois déjà, le Conseil municipal réfléchissait à la manière de marquer symboliquement l'entrée de Corcoué dans le nouveau millénaire. Un leitmotiv : « Tisser et re-tisser sans cesse le lien social. Donner du sens à la vie commune et donner envie d'y participer. ».
Il y avait bien la construction de la passerelle pour relier les deux rives de La Logne et rappeler la naissance de Corcoué-sur-Logne. Le projet avait été inscrit au budget de cette dernière année du siècle [Claude Cl1] et l'inauguration pourrait être l'occasion de célébrer un destin partagé. La passerelle fut construite, inaugurée et illuminée par une froide nuit de décembre.
C'était certes l'expression concrète des liens forts tissés en moins de trois décennies par les habitants des communes fusionnées. Mais, en même temps qu'ils nourrissent la vie locale, les échanges sociaux , tels les rhizomes du quotidien, dessinent par leurs multiples connexions, un horizon qui ne connait pas de frontières.
« Citoyens de Corcoué, citoyens du monde ! »
Voilà le message à transmettre aux générations futures. Mais comment ?
Il fallait une œuvre collective, durable et de portée universelle. Au cœur de l'espace public et portée par un élan commun.
Ainsi est née l'idée folle d'une mosaïque géante inspirée de l'illustration du petit agenda de l'UNICEF. Des milliers de tesselles de grès colorées, assemblées patiemment pour écrire un récit commun qui défie le temps.
Elle serait installée sur un support résistant qui garantisse sa visibilité et sa durabilité. Le choix allait se porter sur un mur communal rendu disponible par les récents travaux d 'aménagement du bourg.
Une création, un lieu, une histoire de liens.
L'atelier de fabrication est ouvert au printemps et son animation est confiée à une animatrice plasticienne employée par la mairie.
Le 21 octobre 2000 à midi, la mosaïque de 20 m2 est dévoilée par un groupe d'enfants sous un envol de pigeons messagers de la solidarité dans le ciel d'automne. L'oeuvre, collée sur le mur par une artisane carreleuse, a été réalisée en atelier, entre avril et octobre, par plus de 350 mosaïstes amateurs et volontaires de 6 à 90 ans, coordonnés par l'animatrice. Des interventions dans les classes auprès des tout-petits et auprès des patients de l'hôpital et des résidents de l'EPMS ont été également organisées pour permettre au plus grand nombre de participer sans contrainte de déplacement. Dans sa conception première, l'oeuvre comptait 2000 carreaux de 10x10cm, pour faire coïncider symboliquement la démographie communale et l'année de passage vers le III ème millénaire. Pour des raisons techniques, ce sont des carreaux de 20cm x20cm (soit 4 fois 10cm x10cm) qui ont été confectionnés.
Chaque carreau est une pièce unique. C'est l'oeuvre de chacun. Mais un carreau seul, si beau soit-il, reste isolé. Il ne prend sens que par l'oeuvre de tous : chacun est indispensable à l'ensemble mais c'est la cohérence de l'ensemble qui donne sens et valeur à chaque élément.
Chaque participant est ainsi devenu dépositaire de l'oeuvre. Un certificat de mosaïste collaborateur en atteste.
L'année suivante, en 2001, c'est à dire la première année du III ème millénaire, la vente de cartes postales représentant la mosaïque, permettait de collecter 5000 francs au profit d'une campagne UNICEF de lutte contre le paludisme en Afrique de l'Ouest. « Penser global, agir local » parce que « nous n'avons qu'une terre » disait l'écologue René Dubos (2) il y a bientôt cinquante ans.
Claude NAUD
(1) Mark Twain, écrivain américain (1835-1910)
(2) René Dubos, Agronome, biologiste, écologue organisateur en 1972 du premier Sommet de la Terre à Stockholm.